“La révolution est comme une bicyclette. Quand ses roues ne tournent plus, elle tombe.”
Marjane Satrapi, Persepolis.
Le 30 Avril dernier, je me suis rendu au hangar 717 à 10 minutes à pied des studios.
La galerie associative accueillait les oeuvres de Fatemeh et Atefeh, deux Iraniennes en 3ème année des beaux-arts de Besançon.L’une comme l’autre ont un vécu et des messages fort de sens.
Fatemeh , en s’inspirant de l’écrivain Gholam-Hossein Sa’edi, nous a proposé “Sieste”, un ensemble homogène qui comporte une installation, une série de 6 peintures et 5 contes.Les 5 Histoires courtes sont liées entre elles et forment le point central qui a donné naissance à l’installation et aux peintures.
Elle raconte l’extinction de soleils suite à la mort de femmes et les conséquences qui en découlent.
Le village dans lequel elles vivaient tombe progressivement dans la souffrance, les déboires et l’obscurité. Chaque soleil noir qu’on peut voir dans l’installation représente une femme endormie à jamais.
Les structures en tissu solidifié forment des montagnes abruptes qui parlent de la difficulté des défis auquel le village fait face maintenant qu’elles ne sont plus des leurs.
Tout est une question de symboles, d’analogies et de discours indirect.
L’oeuvre est visuellement riche mais elle fait comprendre qu’elle est une coquille qui renferme encore plus de concepts et elle vous invite à lire entre les lignes pour faire leur connaissance.
Atefeh, de son coté, a proposé une installation, une peinture et une série de 8 photos de sculptures avec un langage visuel et des revendications plus assumées. Elle s’est interrogée sur le standard, de la norme et de comment ils sont instrumentalisés.
En premier lieu inspirée des textes de Michel Foucault, “punition”, cite visuellement et se réapproprie la sculptrice Sui Park et son oeuvre “her contour” en utilisant la même technique qui consiste à créer un espace défini avec des serflex.
Elle comporte aussi un pillier rouge avec un parterre d’écorce de la même couleur.
Il représente à mes yeux l’aspect monolithique et imprenable auquel on peut hisser des normes.
Le rouge m’évoque le sang sur les mains de leur usage abusif. Elles font presque partie du monolithe comme si elles étaient ses pans qui s’éfritent à mesure que les excès se répètent jusqu’à atteindre le point de rupture.
Dans sa démarche de réflexion, Atefeh a parlé du travail de Marina Abramovic, plus précisément de Balkan Baroque. Le contexte qui a inspiré cette oeuvre/performance résonne beaucoup avec celui du passé et du présent de son pays natal.
Les deux soeurs prennent des risques en parlant de telles choses car elles retournent encore en Iran. Les sujets abordés sont durs mais il est plus que crucial de libérer la parole à son échelle.
Sevdaliza – All Rivers at Once